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Frank Zappa et les Mothers Of Inventions

« La Discothèque », une cave voûtée de 3 mètres sur 5 avec un comptoir au bout et une vingtaine de bacs le long de deux des murs, avec quelques dizaines de disques par bac essentiellement rock, pop, blues, jazz et quelques classiques, c’est là à Vesoul à la fin des années 60’s que tout mec un tant soit peu branché venait s‘approvisionner en rareté introuvable ailleurs, et on était finalement peu nombreux, mais le propriétaire, Kiki était un passionné pour qui l’argent n’était pas le but principal.
Le quartier à bien changé mais la discothèque se trouvait à droite au coin de la tue ,dans une cave voûtée.



Un jour en fouillant dans les bacs je tombe sur une galette qui venait de sortir, Kiki commandait toutes les nouveautés et les retournait au bout d’un certain temps s’il ne les vendait pas. On avait la possibilité d’écouter les disques avant d’acheter et je dois dire que tout le monde en profitait, tout le monde étant un bien grand mot vu les quelques quidams qui fréquentait l’endroit

Ce jour là j’achète le disque pour la pochette qui me botte et je ne l’écoute pas. Je file chez moi et je m’enferme dans ma piaule. Je pose le disque sur la platine et je regarde la pochette, je ne connaissais pas ce groupe, jamais entendu parlé auparavant.

MOTHERS of Invention, ABSOLUTELY FREE.



La pochette un type  cheveux long frisés grosse moustache une mouche imposante sur le menton, avec un regard droit dans les yeux et qui vous transperce, c’est plus un dessin en ombre, qu’une photo, et quelques tête en bas de la pochette dont certaine sont coupées.

Pendant que je regarde la pochette le disque tourne, la musique se déverse dans mon espace, bizarre, il n’y a qu’un morceau, un coup d’œil derrière la pochette, ah ben non il y a plusieurs morceau par face et il sont assez court.

Première constatation, les morceaux s’enchaînent sans blanc entre les titres. Fin de la première face, étrange musique !!! Deuxième face, même topo. C’est quoi ce truc ? C’est de la musique des années trente me dis-je in peto. A la première écoute j’ai rien capté faut dire qu’à ce moment tout ce qui m’intéressait, c’était les guitaristes et là à part quelques fugitifs soli de guitare, c’était la déception.
Mais je suis intrigué et je le repasse, une fois, deux fois…………dix fois et chaque fois j’entrevois une porte qui s’ouvre pour enfin comprendre et mettre en place chaque morceau.
Pour finir durant un certain temps je n’écouterais plus que ce disque qui deviendra mon disque préféré, c’est celui que j’emporterais sur une île déserte.

Raconter la musique de Zappa j’en suis bien incapable, la seule chose que je peux dire, c’est que jamais il n’abuse de la facilité, que chaque chose a une place bien précise tous s’enchaîne comme une mécanique bien huilée et rien n’est laissé au hasard.

FREAK OUT


Chacun comprendra, qu’il ne s’agit de fric.
Dans le Los Angeles des années 60’s, qui est une ville sans réelle identité, voisinent des populations très variées et sans grand rapport entre elles.
Hollywood, une ville dans la ville, n’est pas ce que l’on croit, elle regorge de figurants en quête de rôle, de musiciens studio, et toute la faune du show-biz, de vieux beaux et d’actrices déchues.
Les mythes de toutes natures y abondent, et la ville offre de multiples facettes introuvables ailleurs. Originaux les plus fous et sectes y sont légion, beatniks, liberté sexuelle, certain vont très loin dans la recherche du plaisir.
Liberté sexuelle qui est le thème principal de nombreuse communauté qui se crée, ainsi sur les flans de Laurel canyon on en rencontre de nombreuse, dont la plus célèbre est celle de « Vito Paulekas » sculpteur et danseur, cet homme dans soixantaine possède un réel magnétisme sur les femmes surtout très jeunes, et s’entoure en permanence de gens très doux et plutôt éclaté.

Leur façon de vivre assez nonchalante et sans préoccupation majeure rassure même les plus déjantés et ils finissent par transformer le mode de vie des gens autour d’eux.
Ce sont les premiers Freaks et l’aura qui s’en dégage tel une vibration les dépassera bientôt largement.

L’un des émulent de Vito est Carl Franzoni, et le premier titre de FREAK OUT  Hungry Freaks, Daddy' Zappa l’écrit pour lui.

« Freaky jusqu’aux orteils. Un jour il déménagera pour venir près de chez vous et votre pelouse en crèvera

  Vito Paulekas, Leslie J Michel and Carl Franzoni.

Freak out est le premier double album de rock, enregistré à cheval sur 65/66 , c’est le premier des Mothers Of Invention et il sortira en Juillet, soit pour situer deux mois après « Blonde on Blonde » de Bob Dylan.

Les réactions sont diverses certains critiques le diront révolutionnaire, d’autres cracheront leur dégoût. Rien à voir en tout cas avec les mélodies à la mode du moment comme celles des Beatles.


the mothers of invention #2
(1966/03 - fall 1966)
                                       jimmy carl black: drums, percussion
                                       ray collins: vocals
                                       roy estrada: bass
                                       elliot ingber: guitar
                                       billy mundi: drums
                                       frank zappa: guitar


  A picture out of Carl Franzoni's collection
l to r: jimmy carl black, frank zappa, ray collins, elliot ingber, carl franzoni, some nice girls and roy Estrada



1. Hungry freaks daddy
2. I ain't got no heart
3. Who are the brain police?
4. Go cry on somebody else's shoulder
5. Motherly love
6. How could I be such a fool
7. Wowie zowie
8. You didn't try to call me
9. Any way the wind blows
10. I'm not satisfied
11. You're probably wondering why I'm here
12. Trouble everyday
13. Help I'm a rock
14. It can't happen here
15. Return of the son of monster magnet

[b]Personnel [/b]
• Frank Zappa - guitare, harmonica, chef d'orchestre, cymbale, tambourin, chant
• Jimmy Carl Black - percussion, batterie, chant
• Ray Collins - harmonica, cymbale, effects sonores, tambourin, chant
• Gene Estes - percussions
• Roy Estrada - basse, chant, guitarron, chant soprano
• Elliot Ingber - guitare
• Plas Johnson - saxophone
• Ruth Komanofff - percussions
• John Rotella - percussions
• David Anderle
• Ben Barrett
• Edwin Beach
• Paul Bergstrom
• Roy Caton
• Virgil Evans
• Kim Fowley
• Carl Franzoni
• Roy Gaton
• John Johnson
• Carol Kaye - basse
• Ray Kelloff
• Arthur Maebe
• George Price
• Kurt Reher
• Emmet Sargeant
• Joe Saxon
• Neil Vang
• Jeannie Vassoir, en Suzy Creamcheese
• Henry Vestine
• Dave Wells

Certaines des compositions, Zappa les traînent depuis quelques temps déjà …. Deux ans, voire plus. Des morceaux comme « Help I'm a rock » ou « Who are the brain police?” ont été répété tous les soirs dans les bars de Paloma.
Brain Police, la police du cerveau. Un soir, assit à sa table de travail, Zappa eut l’impression d’entendre les paroles résonner dans sa tête comme l’incitation à penser ou à dire quelque chose. Folie urbaine, matraquage de la radio ou de la pub, la sensation désagréable de se voir imposer quelque chose d’extérieur à soi.


What will you do if we let you go home,
And the plastic's all melted,
And so is the chrome?
WHO ARE THE BRAIN POLICE?

What will you do when the label comes off,
And the plastic's all melted,
And the chrome is too soft?

WAAAAHHHHHH!
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I'm gonna die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm gonna die . . .
I'm going to die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
Going to die!

WHO ARE THE BRAIN POLICE?

What will you do if the people you knew
Were the plastic that melted,
And the chromium too?
WHO ARE THE BRAIN POLICE?

Ces phrases qu’il écrivit ce soir là, il avouera avoir eu peur en les lisant à haute voix.


                  "On se souvient comment les émeutes de Watts de 1965 et toutes celles qui suivirent (Harlem, Roxbury, Newark, Detroit, Filmore Avenue à San Francisco, Oakland. etc) furent réprimées dans le sang.
Les Black Panthers, par ailleurs, furent désorganisés par des manipulations du FBI.
Quant à MOVE, groupe alternatif noir, fondé en 68, il fut anéanti par une bombe incendiaire lâchée d'un hélicoptère du FBI sur l'immeuble qui l'abritait le 13 mai 1985."

Pendant les émeutes de Watts Zappa écrit « Troubles Every Day » où les guitares sont d’une efficacité redoutable et le rythme asséné comme les coups de matraque de la police.

La première partie de Freak Out explore tous les styles musicaux allant du rock’n’Roll au Jazz tout en passant du Rhytme’n’Blues au Doo Woop le tout avec un bonheur sans égal.

Depuis qu’il est petit Zappa possède des baguettes de batterie et tape sur tout ce qu’il trouve, casserole, table, chaise, etc.… ses parents excédés finiront par lui offrir un semblant de batterie. On le retrouvera un peu plus tard dans un show télévisé jouant du vélo,




Ce goût des percussions il le tient de la discothèque familiale qui ne contenait que des œuvres classiques et son préféré était Edgar Varèse à qui il adresse un clin d’œil avec la deuxième partie de l’album.
Pour “Return of the son of monster magnet”, dernier titre de l’album, il loue pour 500$ de percussions variées dont l’emploi constitue plus qu’une allusion à la forme de « Ionisation » de Varése. Et l’on comprend mieux l’effarement des critiques pop de l’époque à l’écoute d’un tel morceau.

  Edgard Victor Achille Charles Varèse, né en 1883 à Paris et mort en 1965 à New York.

Vêtements bariolés, cheveux en bataille et grimaces sont prémédités, assemblés pour former un ensemble dont la cohérence à pour but et traduit la volonté de Zappa, de surprendre et de provoquer pendant un instant, un état de conscience qui libère de toutes les habitudes.

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