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Nick Marsh: glam, chauves-souris et mélancolie

Nick Marsh à l'époque de Flesh for Lulu

Nick Marsh démarre sa carrière de musicien en 1982 lorsqu’il fonde Flesh for Lulu en compagnie de Rocco Barker et James Mitchell. Le groupe va se faire un nom grâce au club londonien le Batcave qui draine une foule de gens en noir fans de glam et de punk mais à la recherche de quelque chose de neuf, à tel point que ce nom emblématique restera comme l’un des sous-genres de la culture goth. Ayant remplacé leur bassiste Glen Bishop par Kevin Mills (ex-Specimen), Flesh for Lulu participe à une des légendaires sessions du dj anglais John Peel. Ils se font remarquer par le style mélangeant un certain goût pour le glam et une décadence plus gothique. Ayant signé un contrat, le combo enregistre un mini, ‘Roman candle’, puis un premier album éponyme dont le succès moyen conduira son label à le lâcher. La valse des labels ne fait que commencer puisque le groupe enregistre ses deux opus suivants, ‘Blue Sisters Swing’ (dont la pochette montrant deux nonnes s’embrassant fera scandale aux USA) et ‘Big fun city’ sur deux structures différentes. Ce n’est qu’après la signature avec Beggars’ Banquet qu’un minimum de stabilité est atteint. Après un mini (‘Idol’), c’est surtout le single ‘I go crazy’ (extrait de ‘Long live the new flesh’) qui permet une plus large exposition publique. Figurant dans la bande-son du film ‘Some kind of wonderful’, son succès permet au groupe de tourner aux USA. Mais cette renommée sera éphémère; leur album suivant, ‘Plastic fantastic’ peinant à confirmer, Flesh for Lulu se sépare. Nick relance un autre projet avec Rocco du nom de Gigantic mais leur disque est un flop (il sera réédité en 2007 au nom de Flesh for Lulu). Notre homme poursuit sa carrière en tant que guitariste du groupe garage-blues ‘Urban voodoo machine’ en exerçant en parallèle le métier de décorateur d’intérieur. Il se marie et a deux filles. Il enregistre également un disque solo dans un genre plus mélancolique en 2006. Il décide de relancer Flesh for Lulu en 2013 mais le projet est perturbé par l’annonce d’un cancer de la gorge. Une première chimiothérapie semble porter ses fruits. Nick déborde de projets, outre quelques dates avec Flesh for Lulu, il lance From the Deep avec Katharine Blake (ex-Miranda Sex Garden et Medieval Babes) dans une veine cabaret/folk/triste et apaisante. Mais la maladie revient et l’emporte, Nick meurt le 5 juin 2015 des suites de son cancer.
Seconde pochette du disque solo de Nick

Discographie sélective:

FLESH FOR LULU:

Roman candle (1983)
Flesh for Lulu (1984)
Blue sisters swing (1985)
Big fun city (1985)
Gigantic (2007)

FROM THE DEEP:

From the deep (2015)

SOLO:

A universe between us (2006)


Shelleyan T. Brecht

Le nouveau deathrock: anarchie et existentialisme

Anasazi
Le deathrock, je vous en ai parlé, cette rencontre improbable entre le punk et le romantisme noir. Il connaît de nos jours un second parallèle en renouant avec les valeurs de l’anarcho-punk (opposition à la guerre, écologie, cause végétarienne, féminisme, anti-religion…) britannique des années 80 caractérisé par des groupes aux styles aussi divers que CRASS, Conflict, Rubella Ballet, Lost Cheeries, Flux of Pink Indians…A ceci près que ces nouvelles formations conservent un goût pour les interrogations existentialistes et se servent volontiers de symbolisme mystiques, l’influence de combos tels que UK Decay, Rudimentary Peni ou Part1, associés au mouvement anarcho-punk sans s’en réclamer ouvertement malgré d’indéniables sympathies et similitudes, étant des plus déterminantes. Pour le reste, en dehors du goût du noir, elles s’éloignent quelque peu de l’esthétisme purement gothique en se profilant dans un héritage plus proche du punk. Cette tendance ne connaît pas de frontière, on passe du Canada (Blue Cross) à l’Islande (Börn) en passant par la Turquie (Ugly Shadows) et l’Italie (Horror Vacui, Dystopian Society…) sans oublier les USA (Arctic Flowers, Cemetery, Anasazi…) ou l’Australie (Masses, Death Church…) et la Russie (Breathing of bones). Beaucoup de ces artistes fonctionnent en réseaux, privilégient le DIY, les petits labels (tels que Mass Media, Ruin Records…), affectionnent les sorties vinyles ou les cassettes. La plateforme Bandcamp leur permet également une large diffusion et un contact direct avec le public. La liste qui suit ne se veut pas exhaustive mais vous propose un panel de ces divers groupes:
Horror Vacui

Arctic Flowers, Funeral Parade, Cemetery, Cross-Stitched Eye, Börn, Dystopian Society, Horror Vacui, Ugly Shadows, Virgin in Veil, Anasazi, Masses, Death Church, Belgrado, Bellicose Minds, Annex, Moral Hex, Alaric, Dead Cult, Rule of Thirds, Lost Tribe, Breathing of Bones, Salome’s Dance, Era of Fear…

Profitez-en pour (re)-découvrir: Part1, Rudimentary Peni, Uk Decay, Ciril

Shelleyan T. Brecht

PRAYERS: From dog to god

Goth gangsta ? Non, man, cholo-goth ! C’est du moins ce qu’affirme Rafael Reyes, ‘fondateur’ du style (en admettant qu’on puisse parler de style). Débarqué enfant de son Mexique natal à San Diego, le jeune garçon rejoint un gang dès l’adolescence afin de protéger son père suite à une escarmouche. Suivent les rituels du genre, musculation, tatouages, violences…Vers ses dix-huit ans, il décide d’abandonner cette vie pour donner un coup de main au paternel dans la gestion du premier restaurant mexicain végétarien/végétalien.

Près de vingt ans après, suite au décès du père, Rafael revend l’affaire à son frère. Bien que officiellement retiré des gangs, Rafael a maille à partir avec la justice. Suite à des récidives en matière de violence, il doit purger une peine derrière les barreaux. Il en profite pour tenter de reprendre sa vie en main, écrit un livre, ‘Living dangerously’, qu’il promeut à sa sortie de prison en tournant dans la Californie. Il se met également à la peinture, sculpte à partir de crânes d’animaux et de métal, expose.

En 2011, il décide de se mettre aussi à la musique. Bien qu’ayant grandi au milieux de la violence de la rue et de la culture des gangs, il a également découvert par la télévision le monde gothique qui le fascine par son imagerie et les thèmes abordés. Après avoir lancé deux projets, Vampire et Baptism of thieves, il stabilise sa création musicale suite à la rencontre avec David Paley, sorte de sosie de Raspoutine originaire de Tijuana. L’entente est immédiate. L’ambition de Rafael est de casser les barrières entre genres. Malgré son côté latino ‘gangsta’ tatoué, il se vernit les ongles en noir, porte du maquillage sombre, des lunettes de soleil, accroche une croix à son oreille, met des bottes pointues…Alors qu’on s’attendrait à le voir se la jouer star du ghetto en rampant, lui opte pour une musique synthétique. Combinant des influences new wave froides et pop sombres assurées par son collègue, il pose d’une voix désespérée et plaintive ses textes glauques évoquant son quotidien dans la violence, ses interrogations mystiques…

Le duo opte pour le nom de Prayers et enregistre un LP qui lui vaut assez de reconnaissance pour assurer la première partie de The Cult en 2013. Un an après, c’est la sortie d’un mini digital, ‘Gothic summer’ (référence à la violence accrue dans les banlieues lors des canicules californiennes). En parallèle, Rafel se produit en solo sous le nom de Nite Ritual et gère une structure destinée aux ex-membres de gang désireux de s’en sortir par la musique...

Shelleyan T.Brecht

DISCOGRAPHIE:

- SD Killwave (2013)
- Gothic summer (2014)

Tommi Stumpff: punk électronique

Tommi Stumpff, de son vrai nom Thomas Peters, naît en 1958 à Dusseldorf mais c’est d’abord à Paris puis Bruxelles qu’il passe ses jeunes années avant d’y revenir. Ces pérégrinations lui permettront de se frotter à la langue française qu’il utilisera régulièrement au cours de sa carrière solo. Le jeune homme, forte tête, est séduit par le mouvement punk qui se développe en Allemagne et devient chanteur du groupe der KFC, aujourd’hui reconnu comme l’une des formations séminales du genre au Pays de Goethe.

Tommi se forge une réputation de bagarreur et de provocateur car il n’aime pas l’apathie développant un chant et un jeu de scène instinctifs et émotionnels. Le punk rock lui paraît vite trop étroit pour s’exprimer; la révélation lui vient lors d’une visite en Belgique où il se familiarise avec la culture EBM (Electro Body Music) naissante sous l’impulsion de combos tels que Front 242. Il redécouvre la musique des pionniers américains du genre, Suicide, ainsi que ses compatriotes Die Krupps et D.A.F.

Avec la fin de der KFC, il décide de se lancer en solo en 1981 en mêlant rage punk et musique électronique. Un peu prématuré peut-être ? Son premier album, ‘Zu spät, ihr Scheisser. Hier ist: Tommi Stumpff’ (pourtant excellent) est un flop et se vend très mal. Tommi décide d’accentuer l’aspect agressif et sort le single ‘Contergan punk’ sous la houlette du fameux producteur Conny Plank. Bingo ! Il pose les bases de son son, un mix inédit d’EBM, d’expérimentation industrielle et d’énergie punk.

Après la sortie d’une poignée de singles, son second album, ‘Terror II’ sort en 1988. Tommi y confirme un goût pour les langues puisqu’il alterne textes en français, allemand et anglais. ‘Ultra’, autre oeuvre notable, suit un an plus tard. Il profite de sa notoriété pour rééditer ses premiers travaux sous forme de la compilation ‘Mich kriegt ihr nicht’.

Il sortira régulièrement des albums en 1991, 92 et 93 avant de décider de mettre fin à sa carrière musicale pour se consacrer à l’informatique. En 2007 pourtant, il effectue quelques réapparitions avec der KFC et en solo. Il tient également un blog en allemand, http://tommi-stumpff.blogspot.ch/.

Un album en particulier ? J’ai un faible pour la compilation ‘Mich kriegt ihr nicht’ ainsi que pour le second, ‘Terror 2’ mais ‘Ultra’ est très bon également. Si vous aimez le punk 77, ne zappez pas non plus les deux albums de der KFC: ‘Knülle im Politbüro’ et surtout ‘Letzte Hoffnung’.


Shelleyan T.Brecht