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Blackened Corvus - Metal & Violon

Blackened Corvus est un groupe de Vendôme, avec certains membres que j'ai eu l'occasion de rencontrer au travers de quelques soirées, par le biais d'une amie commune l'artiste Violet Widow qui je crois a même participé à la réalisation du logo du groupe.  


J'ai donc reçu il y a quelques temps le premier EP de Blackened Corvus, enregistré en autoprod et j'avais en tête de faire un article sur ce groupe et sur leur EP éponyme.Voici donc venu le moment de faire passer le corbeau sur le grill !   





Avant de rentrer plus en details dans la chronique de cet EP, un bref historique: Le groupe existe depuis 2012 et ses membres sont des musiciens expérimentés au travers d'autres formations (disturbed behavior,..) . Blackened Corvus a aujourd'hui à son actif une vingtaine de concerts dont j'ai récupéré quelques bribes via youtube, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de les voir à l'oeuvre en live, j'attends avec impatience que le groupe vienne fouler les scenes de l'est de la France.    

Voici une vidéo du morceau "Next Time" enregistré en répétition, je pense clairement que la marque de fabrique du groupe c'est le violon qui rajoute un peu de finesse face à la puissance des autres instruments qui martèlent littéralement. 



Passons à l'EP Blackened Corvus, un EP 3 titres : 
Devil's Speech - 4:18 
Next Time  - 8:30 
No Fate - 6:54 


L'intro de "Devil's Speech" rappelle Septic Flesh et ensuite avec l'arrivée du chant qui alterne chant clair et chant death je trouve que cela ramène un coté "Mastodon". Le morceau comporte également un solo avec un tapping guitare qui se mélange avec le violon c'est original.


Le morceau "Next Time" est plus, je trouve,dans un esprit métal progressif, avec des riffs de guitares bien tranchants, et une basse bien présente, le morceau est parfaitement orchestré et on arrive à un refrain avec un chant assez énorme 'Next time .... , Next time...' 
Le morceau nous fait ensuite voyager pendant un bon moment d'où le côté progressif que j'évoquais précédemment, et nous amène (déjà) au dernier morceau de cet EP, "no fate".  Plutôt que faire de grands discours je vous invite tout simplement à l'écouter et à le savourer.    



Pour commander cet EP, RDV sur le compte FB du groupe à l'adresse suivante https://www.facebook.com/pages/Blackened-Corvus/187106138091358


Au passage pour tout les fans de thrash des 90's, le corbeau reprend meme un classique et avec le solo violon,  je pense que tout est dit ! 




Ha non pas tout à fait, on attend avec impatience un LP et un concert dans l'est! 



A New World Order

A New World Order - Un Peu d'histoire & surtout le morceau du groupe de Metal Industriel " Ministry "

1989 - chute du mur de Berlin
1990 - Le fameux discours de George H Bush à propos du Nouvel Ordre Mondial :



"Nous avons devant nous l'occasion de construire pour nous-même et pour les générations futures un nouvel ordre mondial . Un monde ou la primauté de la loi , pas la loi de la jungle , régit la conduite des nations . Lorsque nous serons victorieux , et nous le serons , nous aurons une réelle chance avec ce nouvel ordre mondial . Un ordre régit par un conseil crédible qui tiendra enfin son rôle , et maintiendra la paix , afin d'accomplir la promesse et la vision des fondateurs des nations unies ."




En 1992 pas de MP3, pas de platine CD encore un peu trop luxueuse, internet est inexistant et sur les ordinateurs les jeux video ressemblent à ça :

Les seuls moyens de diffusion, ce sont la télévision (et son lavage de cerveau quotidien), le 45T et 33T (relativement onéreux)et surtout les cassettes audio que l'on met dans son bon walkman et que l'on copie et recopie indéfiniment entre potes. C'est au travers d'une cassette que je récupère du Ministry. Sur une face, un album qui s'appelle ΚΕΦΑΛΗΞΘ - je vais mettre un certain temps avant de comprendre que l'album s'appelle en fait Psalm 69, et non pas pas "keziaheo" - et sur l'autre face,  un live : "In case you didn't feel like showing up."


A la télé, le metal était tout de même present sur M6 à 2h du matin, et d'ailleurs sur l'extrait ci dessous on reconnaitra un morceau de ministry. 


Metal Express n°1 - M6 - 29 septembre 1991 par Jed_Cooper
Sur une chaine allemande musicale qui consacre des heures entières dédiées au metal, je m'amuse à enregistrer des clips de groupes, et  je me souviens du clip dévasteur de Minstry.  



Tous les clips Ministry

Ce morceau est extrait de l'un des (voire du)  meilleurs albums de Ministry; en tous cas tout fan de musique extreme devrait avoir dans sa collection ce disque. 

A noter la présence d'une des chansons les plus "rapide" jamais composée , "TV Song", dont voici un extrait live avec Chris Connelly du projet // revolting Cocks.










The Yes needs the No to win... Against ze No.

 Heuuuuu....

Recyclage du sujet de ce bon Rocky un ami Belge.

Tout commence en 68 avec un certain Jon Anderson qui a joué avec des groupes appelés Syn, Gun, Sleep in et Warrior. Il taquine de la guitare sèche (bof !), des percussions (euh !) et chante une fois par mois dans sa salle de bain lorsqu'il fait sa toilette.

Le 4 septembre, vers 18 heures, à Birmingham, charmante bourgade au nord de Londres, lassé de jouer chez lui sur sa guitare "Jeux interdits", Jon décide de sortir faire un tour en ville.

Il pleut dru.

Aussi, il rentre dans un pub et c'est là qu'il rencontre ceux qui allaient former le premier Yes (car, il en y en a eu plusieurs, figurez-vous !) Mais, n'anticipons pas !

Pour l'instant, revenons à notre Jon qui vient de rentrer dans un pub, mais ce n'est pas très sûr.

A ce propos, il existe deux versions différentes. D'après le livre "Yes, c'était moi !" de Rick Wakeman, ils se seraient rencontrés dans un endroit peu recommandable dont je tairai le nom ici. Mais, on ne peut pas honnêtement corroborer les dires de Wakeman car, tout le monde sait qu'à cette époque, il ne faisait pas partie du groupe.

Par contre, d'après "Yes, c'était moi !" de Jon Anderson (lui même), il s'agirait bel et bien d'un pub. Allons-y donc pour le pub !

Jon y rencontre Chris Squire qui chante aussi, joue de la basse électrique et boit une bière. Il y a aussi Peter Banks, un guitariste qui joue au flipper, Bill Bruford, un batteur qui vient de quitter en claquant la porte, son ancien groupe nommé Savoy Brown et Tony Kaye qui jouait de l'orgue, ce matin même, dans Winston's Fumbs, un obscur groupe du quartier nord, sur la route de Manchester, après l'allée de platanes, à côté de la station Shell.

- Si on formait un groupe dit Jon sans disjoncter. (Hahhaa la bonne blague)
- Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! répondent en chœur les quatre autres, ce qui fait quatre "oui".


Jon décide alors d'appeler son groupe "Oui", ou plutôt "Yes" car n'oublions pas que nous sommes à Birmingham dont la particularité, à par la pluie, est qu'on y parle anglais.

Ils décident donc de se retrouver chez Jon. Ils répètent inlassablement pendant deux mois jusqu'à ce qu'ils soient prêts pour jouer "live".

Puis, en novembre, ils s'embarquent dans la Mini-Morris de Jon. ils sont un peu serré mais tant pis ! "Faut savoir souffrir pour être stars !" pense alors Jon en son for intérieur et au volant de sa petite voiture.



Direction l'Albert hall de Londres. le matériel suit dans un Volvo 30 tonnes dont le nom du conducteur est resté malheureusement inconnu.


Enfin ils arrivent à Londres. c'est le 28 novembre, un mardi et comme tous les mardis, il pleut.

Citons, si vous le voulez bien, quelques extraits du très beau livre "Yes, c'était moi !", page 25, où Jon parle de cet événement :

" Il est 17 heures 15. Il y a un monde fou, venu pour le concert d'adieu de Cream, le groupe de Eric "je-suis-une-légende-vivante-et-pas-près-de-crever" Clapton. La salle est comble, du parterre où l'on se marche dessus, au poulailler où ça caquette. Beaucoup de jeunes n'ont pu se procurer des billets pour le concert du célèbre trio. Tant pis, ils sont allés voir Queens Parks Rangers-West Ham. Les plus vieux sont restés chez eux : ils regardent Benny Hill à la télé. Il aurait fallu dix concerts pour satisfaire tout le monde ! Les coulisses sont calmes et l'on peut voir, de ci, de là, passer quelques tignasses célèbres venues saluer leur pote : il y a Jeff Beck, Mick Taylor, Keith Richards et bien d'autres dont les noms m'échappent. Maintenant tout s'anime et les Yes entrent en scène ! Le présentateur, le célèbre John Peel, les présente (ce qui est la moindre des choses, me diriez-vous, pour un présentateur). Mais, taisons-nous, et écoutons-le :" Ladies and Gentlemen, The YES !" Ce qui peut se traduire à peu près par : "Hey, les mecs, visez Yes !". Yes entrent alors en scène et jouent quelques titres de leur futur premier album et une version rock-progressive d'"America" de Paul Simon. Ils se font un petit succès."

Et voici ce qu'écrivait le 30 novembre, Johnny Pete Anderson, un cousin éloigné de Jon, dans le célèbre Melody Maker : "Yes est un groupe très efficace. Ils se préparent sans doute une bonne carrière !"



Ca y est, Yes est lancé !

Ils commencent alors à composer.

Puis, en février 69, ils tournent avec une chanteuse de blues nommée Janis Joplin qui sombrera plus tard dans l'oubli. Les Yes enregistrent alors leur premier album et après quelques jours de réflexion profonde le nomment "Yes". Ils font des tournées, notamment sur le continent au festival baba d'Amougies, sorte de mini-Woodstock.








Voici ce qu'écrivait d'eux un journaliste dans la gazette d'Amougies de l'époque :

"Que cette musique est élégante et aérienne ! Est-ce donc cela le "rock-progressif" ? Diantre, quelle atmosphère ! Que celle créée par l'amalgame des voix et des instruments est réussie ! Jon Anderson possède un chant étrangement voilé dû, je l'appris après le concert, à une extinction de voix attrapée par la vitre baissée de sa Mini-Morris ! Chacun participe au show du groupe. On tape sur tout ce qu'on trouve à portée de la main ! Un tel heurte une bouteille. Un autre, un poteau électrique. Un autre, la tronche de son voisin. Le public semble conquis ! Yes crée alors un trouble plein de charme mais signalons tout de même que Jean François Corbeille est à créditer d'une belle prestation, étant l'auteur d'un magnifique hat-trick. Il a déclaré, modeste, après la victoire de son équipe : "L'important, c'est le collectif !"

Là s'arrêtait l'article, avec un certain méli-mélo dans les comptes-rendus d'événements. Mais peu importe car Yes continuait sa route vers la gloire.

Peter Banks, voulant se lancer dans une orientation musicale différente, s'en alla fonder le groupe Flash. Steve Howe arriva pour le remplacer et Yes sortait son troisième album pour lequel ils avaient mis un mois à trouver le titre : "The Yes Album".

Nous sommes en 71, et en août, Kaye s'en va aussi. D'après Jon Anderson, je cite : "Il posait ses doigts n'importe où !". Phrase ambiguë s'il en est ! Même les plus éminents yessologues n'ont jamais pu l'élucider.

Et voici qu'arrive Rick Wakeman !

Nous sommes alors en 72 et Yes sort "Fragile", premier vrai disque du style Yes, rock progressif et sophistiqué, très ambitieux pour l'époque.

Bientôt, Bruford quitte le groupe à son tour. Il part rejoindre Fripp dont l'orientation musicale lui convient mieux.

Arrive alors Alan White.

Après "Tales fom Topographic oceans", les conflits apparaissent. Durant l'été 74, Wakeman s'en va, la chaleur sans doute ! On le remplace par un Suisse plus frais nommé Patrick Moraz.

Avec lui Yes enregistre le fameux "Relayer".

Puis en 77, le Suisse s'en va lui aussi, nostalgique, sans doute, de ses montagnes.

Tiens revoilà Wakeman !

Puis, Anderson part aussi.

Est-ce la fin ? se demandent les fans traumatisés.

Que nenni ! répondent Trevor Horn et Geoff Downes qui arrivent pour "Drama", album charnière entre l'ancien et le nouveau style.

Et voici 81. Mitterrand s'installe à l'Elysée... la rose à la main. Chouette, les flics deviennent socialistes !

Mais, zut, Yes c'est fini ? Mais non, les gars !

Voici qu'arrive l'année 83 et Yes se reforme.

Mais, cette fois-ci, avec Anderson, Rabin, White et Kaye (oui, le même qui foutait ses doigts partout !). Ils sortent un truc qui sonne comme les pâlots Police (les nouveaux maîtres du rock-business des tristounettes années 80). Et c'est le succès avec "90125".

Puis, après quelques albums même plus écoutables aujourd'hui, on se re-sépare en 88.

Mitterrand, lui, est toujours à l"Elysée. Sa rose s'est un peu fanée mais les flics sont encore socialistes !

Et les "Yes" sont encore fâchés ! ..

D'un côté, il y a Squire, Rabin, Kaye et White qui disent : "Yes, c'est nous... Tony, arrête de foutre tes doigts partout !" De l'autre, il y a Anderson, Howe, Wakeman et Bruford (tiens, il est revenu !) qui répondent : "Yes, c'est nous... Rick, arrête de te prendre pour Liszt !"

C'est le conflit. mais, avec le temps, va , tout s'en va et finalement on se retrouve, on se quitte, on se retrouve tant et si bien qu'on est encore là en 2004.

C'est ça Yes, une grande et belle famille !


Traffic

On continue le recyclage avec, Traffic.


Tout avait commencé (pour moi) en 1966 avec "The Spencer Davis Group" et le titre "Gimme Some Lovin'" un truc qui balançait bien et que l'on retrouvait dans toutes les soirées chez les poteaux.

Un album avait suivit, "Autumn '66" que j'écoutais à l'occasion, et puis, "I'm A Man" composé par Winwood qui m'avais amener à cette question par la suite "toutes ces versions de I'm a Man parlaient- elles toutes de la même chose? et ce surtout après la sortie de "je suis un homme" de Polnareff, mais arrêtons là ces transgressions d'ordre hautement philosophique.) et j'étais passé à autre choses.
Spencer Davis guitar, vocal
Steve Winwood lead vocal, piano, organ, guitar (jusqu'en 1967)
Muff Winwood bass guitar, vocal (jusqu'en 1967)
Pete York drums
Eddie Hardin organ, vocal (depuis 1967)
Phil Sawyer lead guitar (depuis 1967 - jusqu'en 1968)
Ray Fenwick lead guitar, vocal (depuis 1968)


C'est "Hole In My Shoe" qui me rappelle à "Steve Winwood", un petit air primesautier en ce printemps 67. et là, c'est bien de Traffic qu'il s'agit.

Jim Capaldi drums, percussion, vocals
Dave Mason guitar, bass, sitar, mellotron, vocals (partit en 1968)
Steve Winwood keyboards, guitar, bass, vocals
Chris Wood flute, saxophone, keyboards, vocals

Il est vrai que la flute de Chris Wood était un peu déroutante, mais donnait un petit air joyeux ,, un précurseur pour les groupes qui suivirent du genre Jethro Tull.

L'album qui a suivit "Mr. Fantasy" s'est avéré être une petite perle.

"Paper Sun" (Capaldi, Winwood)
"Dealer" (Capaldi, Winwood)
"Coloured Rain" (Capaldi, Winwood, Wood)
"Hole in My Shoe" (Mason)
"No Face, No Name, No Number" (Capaldi, Winwood)
"Heaven Is in Your Mind" (Capaldi, Winwood, Wood)
"House for Everyone" (Mason)
"Berkshire Poppies" (Capaldi, Winwood, Wood)
"Giving to You" (Capaldi, Mason, Winwood, Wood)
"Smiling Phases" (Capaldi, Winwood, Wood)
"Dear Mr. Fantasy" (Capaldi, Winwood, Wood)
"We're a Fade, You Missed This" (Capaldi, Winwood)


Il est à noter que "Dear Mr. Fantasy" et reprit dans l'album "The Live Adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper"


Entre 67 et 69 ils ont sortit 3 albums. Dave Mason est partit, puis revenu, puis repartit et finalement tous sont partit chacun de leur coté, qui avec Beck, qui avec Clapton.
Finalement, c'est un assez bon souvenir.
Chelsea Wolfe : belle tristesse



Une toute récente session KEXP (radio de Seattle invitant la crème de l'indie rock U.S.) est l'occasion idéale pour vous faire part de l'un de mes plus gros coups de cœur de ces dernières années, à savoir l'intrigante Chelsea Wolfe, une artiste se produisant essentiellement en acoustique et dans une sobriété voire un certain dépouillement sonore.



C'est en 2011, lors d'une écoute distraite d'un tribute au premier opus des Strokes (oui oui ce combo vaguement rock issu de cette famille quelque peu insipide de groupe en ''The'') que je découvre Chelsea. Rien à retenir de cette compilation d'artistes disparates, hormis la relecture d'un morceau à des années lumières de l'originale (je mets au défi quiconque de reconnaître la mélodie originale à l'écoute à l'aveugle de cette reprise), nous invitant à une rêverie cotonneuse tout en apesanteur.




La découverte de sa discographie passe obligatoirement par le morceau « Moses » : ses accords distordus, sa rythmique martiale et ses vocalises éthérées.



Ce morceaux est tiré d' « Ἀποκάλυψις », , album sombre s'il en est (si quelqu'un en trouve la traduction, je lui promets de le bassiner tout l'été avec des découvertes en tous genres).
Car oui, c'est clairement de folk dark qu'il s'agit.
Attention je n'ai pas écrit ''dark folk'', que nenni, bien conscient que'une telle confusion serait blasphématoire du point de vue de mes chers collaborateurs de blog !



La dame sur scène dégage à la fois un charisme quasi chamanique et une immense retenue.
Son accoutrement ne peut laisser indifférent, que ce soit les bottes rouges arborées ce soir-là que ne renierait pas le diable en personne, ou bien le voile de veuve derrière elle cachait son malaise à ses débuts.



S'ensuit la sortie en septembre 2013, d'un nouvel album, le dernier en date, le parfaitement nommé « Pain is beauty », un disque spécialement abouti, s'ouvrant parfois à des influences moins monolithiques (quelques rythmiques plus électroniques, des sons parfois plus métalliques) et dont la puissance émotionnelle atteint à nouveau des sommets. Pour preuve la session ci-dessous qui reprend trois morceaux du dit album, auquel s'ajoute le fabuleux « Boyfriend », titre concis et ô combien bouleversant qui m'inspire un mot inédit : sombriété.




postrockfan

Frank Zappa et les Mothers Of Inventions

« La Discothèque », une cave voûtée de 3 mètres sur 5 avec un comptoir au bout et une vingtaine de bacs le long de deux des murs, avec quelques dizaines de disques par bac essentiellement rock, pop, blues, jazz et quelques classiques, c’est là à Vesoul à la fin des années 60’s que tout mec un tant soit peu branché venait s‘approvisionner en rareté introuvable ailleurs, et on était finalement peu nombreux, mais le propriétaire, Kiki était un passionné pour qui l’argent n’était pas le but principal.
Le quartier à bien changé mais la discothèque se trouvait à droite au coin de la tue ,dans une cave voûtée.



Un jour en fouillant dans les bacs je tombe sur une galette qui venait de sortir, Kiki commandait toutes les nouveautés et les retournait au bout d’un certain temps s’il ne les vendait pas. On avait la possibilité d’écouter les disques avant d’acheter et je dois dire que tout le monde en profitait, tout le monde étant un bien grand mot vu les quelques quidams qui fréquentait l’endroit

Ce jour là j’achète le disque pour la pochette qui me botte et je ne l’écoute pas. Je file chez moi et je m’enferme dans ma piaule. Je pose le disque sur la platine et je regarde la pochette, je ne connaissais pas ce groupe, jamais entendu parlé auparavant.

MOTHERS of Invention, ABSOLUTELY FREE.



La pochette un type  cheveux long frisés grosse moustache une mouche imposante sur le menton, avec un regard droit dans les yeux et qui vous transperce, c’est plus un dessin en ombre, qu’une photo, et quelques tête en bas de la pochette dont certaine sont coupées.

Pendant que je regarde la pochette le disque tourne, la musique se déverse dans mon espace, bizarre, il n’y a qu’un morceau, un coup d’œil derrière la pochette, ah ben non il y a plusieurs morceau par face et il sont assez court.

Première constatation, les morceaux s’enchaînent sans blanc entre les titres. Fin de la première face, étrange musique !!! Deuxième face, même topo. C’est quoi ce truc ? C’est de la musique des années trente me dis-je in peto. A la première écoute j’ai rien capté faut dire qu’à ce moment tout ce qui m’intéressait, c’était les guitaristes et là à part quelques fugitifs soli de guitare, c’était la déception.
Mais je suis intrigué et je le repasse, une fois, deux fois…………dix fois et chaque fois j’entrevois une porte qui s’ouvre pour enfin comprendre et mettre en place chaque morceau.
Pour finir durant un certain temps je n’écouterais plus que ce disque qui deviendra mon disque préféré, c’est celui que j’emporterais sur une île déserte.

Raconter la musique de Zappa j’en suis bien incapable, la seule chose que je peux dire, c’est que jamais il n’abuse de la facilité, que chaque chose a une place bien précise tous s’enchaîne comme une mécanique bien huilée et rien n’est laissé au hasard.

FREAK OUT


Chacun comprendra, qu’il ne s’agit de fric.
Dans le Los Angeles des années 60’s, qui est une ville sans réelle identité, voisinent des populations très variées et sans grand rapport entre elles.
Hollywood, une ville dans la ville, n’est pas ce que l’on croit, elle regorge de figurants en quête de rôle, de musiciens studio, et toute la faune du show-biz, de vieux beaux et d’actrices déchues.
Les mythes de toutes natures y abondent, et la ville offre de multiples facettes introuvables ailleurs. Originaux les plus fous et sectes y sont légion, beatniks, liberté sexuelle, certain vont très loin dans la recherche du plaisir.
Liberté sexuelle qui est le thème principal de nombreuse communauté qui se crée, ainsi sur les flans de Laurel canyon on en rencontre de nombreuse, dont la plus célèbre est celle de « Vito Paulekas » sculpteur et danseur, cet homme dans soixantaine possède un réel magnétisme sur les femmes surtout très jeunes, et s’entoure en permanence de gens très doux et plutôt éclaté.

Leur façon de vivre assez nonchalante et sans préoccupation majeure rassure même les plus déjantés et ils finissent par transformer le mode de vie des gens autour d’eux.
Ce sont les premiers Freaks et l’aura qui s’en dégage tel une vibration les dépassera bientôt largement.

L’un des émulent de Vito est Carl Franzoni, et le premier titre de FREAK OUT  Hungry Freaks, Daddy' Zappa l’écrit pour lui.

« Freaky jusqu’aux orteils. Un jour il déménagera pour venir près de chez vous et votre pelouse en crèvera

  Vito Paulekas, Leslie J Michel and Carl Franzoni.

Freak out est le premier double album de rock, enregistré à cheval sur 65/66 , c’est le premier des Mothers Of Invention et il sortira en Juillet, soit pour situer deux mois après « Blonde on Blonde » de Bob Dylan.

Les réactions sont diverses certains critiques le diront révolutionnaire, d’autres cracheront leur dégoût. Rien à voir en tout cas avec les mélodies à la mode du moment comme celles des Beatles.


the mothers of invention #2
(1966/03 - fall 1966)
                                       jimmy carl black: drums, percussion
                                       ray collins: vocals
                                       roy estrada: bass
                                       elliot ingber: guitar
                                       billy mundi: drums
                                       frank zappa: guitar


  A picture out of Carl Franzoni's collection
l to r: jimmy carl black, frank zappa, ray collins, elliot ingber, carl franzoni, some nice girls and roy Estrada



1. Hungry freaks daddy
2. I ain't got no heart
3. Who are the brain police?
4. Go cry on somebody else's shoulder
5. Motherly love
6. How could I be such a fool
7. Wowie zowie
8. You didn't try to call me
9. Any way the wind blows
10. I'm not satisfied
11. You're probably wondering why I'm here
12. Trouble everyday
13. Help I'm a rock
14. It can't happen here
15. Return of the son of monster magnet

[b]Personnel [/b]
• Frank Zappa - guitare, harmonica, chef d'orchestre, cymbale, tambourin, chant
• Jimmy Carl Black - percussion, batterie, chant
• Ray Collins - harmonica, cymbale, effects sonores, tambourin, chant
• Gene Estes - percussions
• Roy Estrada - basse, chant, guitarron, chant soprano
• Elliot Ingber - guitare
• Plas Johnson - saxophone
• Ruth Komanofff - percussions
• John Rotella - percussions
• David Anderle
• Ben Barrett
• Edwin Beach
• Paul Bergstrom
• Roy Caton
• Virgil Evans
• Kim Fowley
• Carl Franzoni
• Roy Gaton
• John Johnson
• Carol Kaye - basse
• Ray Kelloff
• Arthur Maebe
• George Price
• Kurt Reher
• Emmet Sargeant
• Joe Saxon
• Neil Vang
• Jeannie Vassoir, en Suzy Creamcheese
• Henry Vestine
• Dave Wells

Certaines des compositions, Zappa les traînent depuis quelques temps déjà …. Deux ans, voire plus. Des morceaux comme « Help I'm a rock » ou « Who are the brain police?” ont été répété tous les soirs dans les bars de Paloma.
Brain Police, la police du cerveau. Un soir, assit à sa table de travail, Zappa eut l’impression d’entendre les paroles résonner dans sa tête comme l’incitation à penser ou à dire quelque chose. Folie urbaine, matraquage de la radio ou de la pub, la sensation désagréable de se voir imposer quelque chose d’extérieur à soi.


What will you do if we let you go home,
And the plastic's all melted,
And so is the chrome?
WHO ARE THE BRAIN POLICE?

What will you do when the label comes off,
And the plastic's all melted,
And the chrome is too soft?

WAAAAHHHHHH!
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm going to die . . .
I'm gonna die . . .
I think I'm going to die . . .
I think I'm gonna die . . .
I'm going to die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
I think I'm gonna die . . .
Going to die!

WHO ARE THE BRAIN POLICE?

What will you do if the people you knew
Were the plastic that melted,
And the chromium too?
WHO ARE THE BRAIN POLICE?

Ces phrases qu’il écrivit ce soir là, il avouera avoir eu peur en les lisant à haute voix.


                  "On se souvient comment les émeutes de Watts de 1965 et toutes celles qui suivirent (Harlem, Roxbury, Newark, Detroit, Filmore Avenue à San Francisco, Oakland. etc) furent réprimées dans le sang.
Les Black Panthers, par ailleurs, furent désorganisés par des manipulations du FBI.
Quant à MOVE, groupe alternatif noir, fondé en 68, il fut anéanti par une bombe incendiaire lâchée d'un hélicoptère du FBI sur l'immeuble qui l'abritait le 13 mai 1985."

Pendant les émeutes de Watts Zappa écrit « Troubles Every Day » où les guitares sont d’une efficacité redoutable et le rythme asséné comme les coups de matraque de la police.

La première partie de Freak Out explore tous les styles musicaux allant du rock’n’Roll au Jazz tout en passant du Rhytme’n’Blues au Doo Woop le tout avec un bonheur sans égal.

Depuis qu’il est petit Zappa possède des baguettes de batterie et tape sur tout ce qu’il trouve, casserole, table, chaise, etc.… ses parents excédés finiront par lui offrir un semblant de batterie. On le retrouvera un peu plus tard dans un show télévisé jouant du vélo,




Ce goût des percussions il le tient de la discothèque familiale qui ne contenait que des œuvres classiques et son préféré était Edgar Varèse à qui il adresse un clin d’œil avec la deuxième partie de l’album.
Pour “Return of the son of monster magnet”, dernier titre de l’album, il loue pour 500$ de percussions variées dont l’emploi constitue plus qu’une allusion à la forme de « Ionisation » de Varése. Et l’on comprend mieux l’effarement des critiques pop de l’époque à l’écoute d’un tel morceau.

  Edgard Victor Achille Charles Varèse, né en 1883 à Paris et mort en 1965 à New York.

Vêtements bariolés, cheveux en bataille et grimaces sont prémédités, assemblés pour former un ensemble dont la cohérence à pour but et traduit la volonté de Zappa, de surprendre et de provoquer pendant un instant, un état de conscience qui libère de toutes les habitudes.

MODS ET ROCKERS

Un petit sujet que j'avais fait sur un forum il y a quelques années.

1964, la France ronronne doucement, c'est l'année du duel Anquetil/PoulidorDe gaule est au pouvoir les radios nous distillent du Alain BarriereClaude FrançoisSheilaJohnny HallydayFrank Alamo nous bassine avec son "Allo Maillot 38.37Adamo, ses filles du bord de mer, la montagne a la cote avec Marie Laforêt "Viens sur la montagne" et Jean Ferrat "La montagne", bref tout est tranquille.

Cependant, d'Outre-manche d'autres sons nous parviennent confidentiellement:
The Kinks 'You Really Got Me', The Beatles 'Twist and Shout' 'I Want To Hold Your Hand' "All My Loving " "She Loves You", The Animals'The House Of The Rising Sun', The Rolling Stones "It's all over now". 


C'est par un entrefilet dans un journal à la radio ou à la télévision que j'entends parler des affrontements sur une plage d'Angleterre entre MODS et ROCKERS. 


Les rockers, je connaissais très bien, Jeans blousons noirs Gene Vincent Vince Taylor, Little Richard, motos....
Eddie Cochran




Par contre Mods, c'était assez nouveau et surtout leur apparence, ils étaient vêtus avec élégance et originalité, portaient cravates, blazers pantalon taille basse à carreaux, et avaient l'air de petits minets, mais cette apparence était trompeuse, et la société du moment s'en aperçoit assez vite.



"Blouson noir" etait carrément une insulte, le rock une musique de sauvage, et l'arrivée de cette jeunesse plutôt élégante laissait penser que la jeunesse avait changée.
Mais si Mods et rockers s'opposaient il est un point sur lequel ils se rejoignaient, c'est le fait que les deux mouvements pouvaient être qualifié de "Jeunesse contestataire", et le premier soucis de cette nouvelle génération est bien de ce démarquer de la précédente.


         "A l'heure où le premier ministre travailliste Wilson, fraîchement élu, parlait d'ajuster la loi à la société du milieu des années 60, les mods offraient une image de la délinquance en accord avec les évolutions récentes de la société. Dans un pays qui, dès les années 30, comptait un quart de sa population active travaillant dans le tertiaire, ce secteur représentait la principale source d'emplois pour les jeunes dans les années 60, tandis que la demande en main-d'œuvre ouvrière qualifiée déclinait. En conséquence, les valeurs ouvrières, l'habilité, la technicité, la virilité, toutes choses plutôt revendiquées que contestées par les rockers, perdaient de leur prestige. Une majorité de jeunes gagnait alors leur vie sans effectuer un travail physiquement éprouvant ni salissant. Et ils en étaient bien heureux. En même temps, ils ne tiraient aucune fierté, aucun enrichissement pour leur personnalité d'un travail banal. C'est à la sortie, une fois les 40 heures de présence au bureau terminées, que la vraie vie commençait. Les loisirs prenaient alors beaucoup d'importance. Eux seuls permettaient l'épanouissement de la personnalité. Cela était facilité par l'enrichissement général du pays dont les jeunes des familles moyennes étaient les premiers bénéficiaires. Ainsi, en dix ans, l'argent de poche dont disposaient les jeunes était passé, en moyenne, de 5 pennies à une livre par semaine.
Adaptant leurs mœurs à ces évolutions, les mods se forgèrent une identité anti-rocker, anti-ouvrière. Ils mirent en avant des manières inspirées de l'aristocratie. Plutôt que de mépriser les plaisirs des classes aisées, ils en revendiquèrent l'usage pour eux aussi. Ils accordèrent une grande importance à leur personne, à leur présentation. Ils dépensaient beaucoup d'argent et d'énergie pour suivre la mode. Ce qui était une façon provocante d'affirmer leur détachement vis-à-vis des besoins élémentaires, leur aisance matérielle. Ces jeunes ouvriers et employés affirmaient ainsi leur égalité de statut avec les milieux aisés, leurs dispositions à vivre comme les dandys du siècle dernier, d'esthétisme, de loisirs et de luxe."

Beatles 1964. 

Avec l'arrivée des Beatles ou des Stones, les Rockers déjà affectés par le déclin de leurs idoles, assistent à la rapide montée du mouvement Mod, et comprennent qu'ils sont dépassés, la pilule est d'autant plus amère que les Mods sont sensiblement issus du même milieux, mais mieux adaptés à l'époque et dont l'avenir semble plus facile.

Rolling Stones en 1964. 

Le mouvement Mod est spécifique à la jeunesse Anglaise, la musique en est l'élément central, et si les Stones ou les Beatles en favorise le développement, les groupes Mod en exprimant plus précisément leur sensibilité Britannique se détachent des racines blues des Rolling Stones aussi bien que des mélodies et harmonies des Beatles, ils créèrent une musique encore plus anglaise que ces derniers.
Les combats qui opposent les Mods aux rockers, au cours du week-end pascal 1964, marquent la fin des Rockers et révèlent au monde entier une nouvelle génération les Mods.

Un film à voir retrace cette époque : QUADROPHENIA, A WAY OF LIFE


    "Réalisé par: Franc Roddam
Avec: Phil Daniels, Leslie Ash, Philip Davis, Mark Wingett, Sting, Ray Winstone, Garry Cooper, Gary Shail, Toyah Willcox, Trevor Laird, Kate Williams, Michael Elphick, ...

L'histoire :
Jimmy, un mod londonien (jeunes prolétaires) bouillonnant de colère contre le monde qui l'entoure, se révolte bientôt contre tous ses proches et aussi contre les ennemis héréditaires des mods, les rockers, jusqu'au jour où il tombe amoureux d'une fille qui finira entre les mains de son meilleur ami. Il se sépare alors de sa bande puis, détruit aux amphétamines, décide de se rendre à Brighton pour y retrouver les légendaires combats mods-rockers qui s'y déroulaient jadis. Sur place, le jeune homme est déçu et voit notamment son idole, l'« As », devenu groom. À son insu, Jimmy lui vole son scooter (typiquement mod) puis saute d'une falaise, sans rien regretter."