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Catherine Ribeiro: des yéyés à l'avant-garde...

Catherine Ribeiro + Alpes
Catherine Ribeiro naît à Lyon en 1941 de parents portugais. Elle a à peine 17 ans lorsqu’elle monte à Paris pour suivre des cours d’art dramatique. Elle débute une carrière d’actrice en tournant pour Jean-Luc Godard notamment. C ‘est sur le tournage de son film ‘Les Carabiniers’ qu’elle rencontre Patrice Moullet, personnage important dans sa vie puisqu’il sera son compagnon et qu’il restera collaborateur même après leur rupture. C’est pourtant la chanson qui l’attire davantage. Elle débute une carrière en tant que chanteuse yéyé à l’époque où le genre cartonne en France mais, bien que ses albums se vendent correctement, Catherine détonne d’emblée. Elle déteste le monde du show-business et les compromis hypocrites qu’il entraîne. Elle écrit beaucoup de poèmes assez cinglants et Patrice Moullet (qui les a lus) l’encourage à les mettre en musique.

La jeune femme ne va pas bien, elle tente de mettre fin à ses jours mais se rate. Cet évènement est un véritable point de départ pour sa carrière. Celle que l’on cherchait à cantonner au rôle d’artiste yéyé se révèle une personnalité forte, intelligente et avant-gardiste. Au diapason des problèmes de son époque, elle s’impose comme une personnalité sombre, envoûtante, ne reculant devant rien pour faire valoir ses vues; elle refuse le play-back, de chanter deux soirs de suite pour ne pas fatiguer sa voix, éclaire ses concerts à la bougie…Avec Patrice Moullet, elle forme le groupe ‘2Bis’ et enregistre un album. Patrice n’est pas seulement un musicien mais aussi un créateur d’instruments et bien qu’arborant une imagerie qualifiée de hippie, le groupe témoigne d’un profond sens de l’avant-garde en bouleversant les structures habituelles de l’époque.

2Bis devient Alpes et les disques s’enchaînent, mêlant structures progressives, textes poétiques, lucides et torturés, sonorités neuves…Les paroles sont si sombres que Phillips fait apposer la mention ‘Les paroles de ses chansons n’engagent que son auteur’ sur le troisième disque. Le groupe donne souvent des concerts dans des églises ou des cathédrales, seuls lieux à même de retranscrire leur vision artistique globale. Parallèlement, Catherine renouera brièvement avec le cinéma. En 1975, invitée à une émission en hommage à Léo Ferré, elle refuse d’y participer, n’ayant pu interpréter le morceau qu’elle souhaitait, prouvant également son refus de tout compromis.

Les disques s’enchaînent. Malgré sa réputation parfois sulfureuse et son boycott médiatique, Catherine est nommée « Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres » en 1983. Ses concerts avec Alpes sont toujours des événements et remportent un vrai succès. Elle a également concrétisé en parallèle le projet d’enregistrer un hommage à Edith Piaf, en 1975.

En 1982 cependant, Alpes se sépare suite au départ de Patrice Moullet qui souhaite se consacrer à la recherche musicale. Catherine poursuit en solo, épouse son nouveau compagnon, maire de Sedan, en 1984 et interprète des classiques de la chanson française tels que Léo Ferré ou Edith Piaf. Cette période verra un certaine déclin artistique ainsi que divers problèmes d’ordre personnel, sa première fille étant devenue toxicomane. Elle renoue avec la musique au début des années 90 et souhaite même reformer Alpes avec Patrice Moullet mais le projet échouera bien qu’un album ait été planifié. En 2005 pourtant, elle propose un concert avec un ex-musicien de Alpes incluant des morceaux anciens et récents, composés en collaboration avec Patrice Moullet. Elle profite d’une date au Bataclan en 2007 pour enregistrer un  disque live, son cinquième seulement en près de quarante ans de carrière.

Aujourd’hui, Catherine qui n’a toujours pas mis d’eau dans son vin, préfère rester discrète et se tient à l’écart des médias. Son travail avec Alpes est
Catherine Ribeiro
enfin reconnu et salué comme l’un des essais les plus novateurs de la scène française des seventies. Militante, elle n’a jamais hésité à recourir aux coups d’éclats pour faire valoir ses idées et ses convictions (grève de la fin, refus d'émission...).

Discographie essentielle:

-'Paix'
- 'Le rat débile et l'homme des champs'
ou
Coffret 4 albums essentiels de 'Catherine Ribeiro + Alpes'

Shelleyan T. Brecht

The Misfits: Au bordel du Diable

Logo du groupe
The Misfits première époque
C’est en 1977 qu’un certain Glenn Danzig, las de jouer dans des combos sans importance, décide de créer un projet plus sérieux qu’il baptise ‘The Misfits’ en hommage à un film de Marilyn Monroe. Lui même assure le chant et le clavier tout en écrivant les chansons et les paroles. Flanqué de son pote Manny à la batterie, il peine à trouver un line-up stable jusqu’à ce que ce dernier lui parle d’un joueur de football américain, Jerry Only, qui possède une basse. Celui-ci n’a pas beaucoup d’expérience de la musique mais le trio répète quand même et enregistre un premier single (‘Cough’/‘Cool’). Très axé sur le clavier, ce premier essai revendique une influence marquées par les Doors, notamment de par le timbre de Glenn. Pourtant, l’émergence du punk rock titille les oreilles du jeune homme. Il laisse tomber le clavier pour se concentrer sur le chant et recrute un guitariste pour compléter la formation. Fan de science-fiction, d’horreur et de films de série B, il préfère s’en inspirer plutôt que de traiter de domaines sociaux ou politiques. Sans le savoir, il vient de jeter les bases d’un style unique dont s’inspireront nombre de groupes par la suite: l’horror punk. Début 1978, les Misfits partent à New York enregistrer leur premier album après avoir remplacé Manny par Mr Jim derrières les fûts. Les labels se montrent frileux et le disque restera inédit des années. Pour se démarquer, Glenn et Jerry décident de renforcer leur visuel en adoptant maquillage macabre, tenues ornées d’os, clous, coiffure spéciale avec longue mèche sur le front…Les concerts se succèdent et le groupe commence à avoir un peu de succès mais le batteur et le guitariste le lâchent. Ils sont immédiatement remplacés mais la stabilité du personnel restera un problème récurrent.

Fidèles à la philosophie Do It Yourself (DIY), Glenn crée un fan club, le Fiend Club, qui lui permet de rester en contact avec les fans tout en imprimant des t-shirts et divers objets aux couleurs du groupe. En 1979, après un concert des Damned à New-York, la possibilité est envisagée que les Misfits accompagnent ces derniers pour une tournée britannique mais l’ambiance est mauvaise et les Américains s’en vont après deux dates. Excédé, le batteur s’en va. De retour aux USA, les autres se préparent à enregistrer un nouvel opus avec un nouveau guitariste qui n’est autre que le frère de Jerry, Doyle, fan du combo de son frangin. Cette fois, un label se montre intéressé et ‘Walk among us’ devient le premier LP officiel bien que les Misfits aient sortis plusieurs singles. En 1982 est organisée une tournée qui aboutira au disque live ‘Evillive’. Mais Glenn commence à se désintéresser des Misfits. Il prévoit la création d’un projet parallèle du nom de Samhain et ébauche quelques titres. Il s’en servira finalement pour compléter le nouvel album des Misfits. Les divergences musicales se faisant de plus en plus fortes, Glenn décide de les dissoudre pour se consacrer pleinement à Samhain.

Doyle, converti, décide de créer une formation metal chrétienne, Krist the Conqueror, qui ne rencontrera aucun succès. De nombreux groupes connus se mettent à afficher ouvertement leur goût pour les Misfits. Leur catalogue est réimprimé et débute un imbroglio juridique, Jerry voulant obtenir une plus grosse part des droits d’auteur. Débouté, il finira par passer un compromis avec Glenn qui rencontre un grand succès avec sa nouvelle formation, Danzig, en 1995. Only obtient le droit d’enregistrer sous le nom de Misfits et de partager les droits de merchandising. Devant le refus de son ex-chanteur de revenir, Jerry engage Michael Graves pour tenir le micro, recrute Doyle, moins fervent dans sa foi, ainsi que l’ex-batteur de Krist the Conqueror. Les Misfits nouvelle formule enregistrent deux albums mais très vite les rumeurs contradictoires de dissolution affluent. Jerry se retrouve seul, crée son label, produit un combo japonais du nom de Blazac très influencé par le son des Misfits et enregistre un album de reprises des années 50, ‘Project 1950’, avec dans les rangs un ancien Black Flag et un ancien Ramones. De nombreux concerts suivront et en 2011, la formation sort même un nouvel opus’ The devil’s rain’.

L’influence des Misfits est aujourd’hui reconnue comme essentielle dans toute la scène horror punk, hardcore, metal et leur logo à tête de goule ainsi que le merchandising forcené en dérivant a fait d’eux une icône essentielle de la culture underground.

Shelleyan T. Brecht