bouton FB

Rokk í Reykjavik: scènes punk et wave islandaises des années 80

K.U.K.L.
Q4U
Sans le savoir, les parents de Einar Örn Benediktsson ont contribué à l’avènement de la scène punk en Islande. Comment ? En divorçant. Un beau jour de 1977, le père parti s’installer en Grande Bretagne ramène à son fiston un disque des Buzzcocks. C’est un choc pour l’adolescent. En vacances chez son paternel, il n’aura de cesse de renseigner sur ce nouveau mouvement qui lui paraît correspondre à son tempérament et d’acheter des disques qu’il s’empresse de ramener dans son île. Il va s’acharner par tous les moyens à faire connaître ce nouveau style qui le passionne tant. Il participe à l’organisation du concert des Stranglers en 1978, s’arrange pour faire venir les Clash grâce à des contacts noués en Angleterre, prend part à la sortie du premier album des pionniers du punk rock islandais, Fræbbblarnir. De son côté, le jeune Bubbi Morthens (aujourd’hui l’un des chanteurs les plus populaires d’Islande) vient de créer avec les frères Pollock un combo du nom de Utangarðsmenn qui ouvrira pour les Clash justement. Impressionné par l’énergie de Einar (qui n’a que dix-huit ans), le groupe lui demandera d’être leur agent. Leur carrière sera brève mais séminale. Bubbi flanqué de son frère part fonder Egó tandis que les frangins Pollock créent Bodies, tous les deux plus orientés post-punk. Carrière brève aussi. Et Einar alors ? Il débarque à la répétition de trois de ses potes. Sur un coup de tête, ils lui tendent le micro. Lui qui ne sait pas chanter développe alors un mélange de chant, de cri, de spoken word, le tout interprété dans un état d'agitation quasi épileptique. Purrkur Pillnikk est né. Pour lancer leur carrière, il s’adresse à des connaissances qui vont créer le label Gramm d’abord uniquement destiné au groupe avant de signer d’autres formations, notamment Tappi Tikarrass dont la chanteuse est une certaine Björk. Reykjavik est alors en plein boum, l’énergie punk se répand comme une traînée de poudre, les concerts se multiplient, les groupes se forment comme en témoigne un documentaire baptisé ‘Rokk i Rekjavik’ sorti en 1982 dressant un état des lieux et des motivations en ce qui concernent les musiciens. On y découvre par exemple Sjálfsfróun (masturbation), trois gosses âgés d’à peine 15 ans, habitués à se défoncer à la colle et à l’essence, pratiquement incapables de jouer de leurs instruments mais le meilleur exemple de la philosophie punk. La performance des Clash a impressionné un autre groupe, Þeyr, qui décide de changer d’optique d’écriture. La présence en leur sein de Hilmar Örn Hilmarsson, artiste multi-facettes, très impliqué dans la religion Asatrù, les pousse à s’intéresser à l’occultisme, le paganisme, la philosophie…Leur rencontre avec Jaz Coleman, leader de Killing Joke venu se réfugier en Islande pour échapper à une fin du monde qu’il croit imminente, sera déterminante. Après le split, leur batteur, Sigtryggur Baldursson, se lie avec Einar et Björk dont les formations respectives viennent de se séparer pour fonder le collectif K.U.K.L., projet aussi atypique que les Virgin Prunes en Irlande, dont les contacts noués avec la scène anarcho-punk britannique conduiront à la signature sur le label de CRASS qui viendront même jouer à Reykjavik. Après une tournée éreintante en Europe, K.U.K.L. se termine, donnant naissance aux Sugarcubes qui révéleront au monde entier l’existence du rock islandais. L’influence de Killing Joke a marqué un autre combo, Vonbrigði, dont le morceau ‘O Reykjavik’ peut être considéré comme le ‘Anarchy in the UK’ islandais. Délaissant le registre punk pur, ils orientent leur son vers quelque chose de plus sombre et torturé. Le bassiste de Fræbbblarnir lance lui aussi un autre projet, Q4U, avec un couple d’amis dont la chanteuse Elly, furie charismatique que certains voient comme un pendant islandais de Siouxise. Très vite, en effet, le groupe oriente son écriture vers un rock gothique post punk évoquant effectivement Siouxsie and the Banshees. Premier split, reformation avec boîte à rythmes pour une orientation darkwave. Si Reykjavik est en ébullition, le reste de l’île ne reste pas en retrait, ainsi Barra Flokkurinn, une bande de jeunes originaires de Akuyeri tout au Nord et amis avec le bassiste de Fræbbblarnir. Si l’énergie punk les stimule, ils sont également fans de Bowie et Roxy Music et développent une forme de new wave imaginative pleine de punch qui leur vaudra même un minimum de reconnaissance internationale grâce à deux LPs et un mini. Impossible de faire l’impasse sur Grýlurnar, formation 100% féminine qui pratique une forme de new wave éclatée à la Nina Hagen Band ou Jonee Jonee, étrange trio pour chant/basse/batterie. Même le groupe de rock progressif þursaflokkurinn se laisse contaminer et livre un album mêlant structures complexes et new wave pour sa fin de carrière. Parmi les suites de Þeyr, signalons Með Nöktum, excellent mais hélas éphémère projet ou l’ovni musical que constitue l’unique EP du guitariste Stanya. N’oublions pas les travaux de Hilmar Örn Hilmarsson tant en solo qu’au sein du collectif industriel Reptilicus sans négliger les collaborations avec Current 93, Psychic TV…Le constat ne serait pas complet sans H.S. Draumur, Frakkarnir (plutôt new wave), Sonus Futurae dont la pop synthétique s’inspire de Kraftwerk ou Human League. La fin des 80’s verra la fin de ce premier élan non sans l’apparition d’une formation du nom de Sogblettir dans laquelle joue le demi-frère de Björk, plus sombre, dans la veine inspirée par Killing Joke. On retiendra aussi Bleiku Bastarnir plutôt garage pour qui les Cramps seront une influence déterminante. Bubbi aura lui aussi un petit hoquet punk en 1984 en fondant un projet du nom de Das Kapital, le temps d’un disque. Beaucoup de ces groupes ne disparaîtront jamais franchement, ainsi Q4U qui se reformera au milieu des 90’s et qui après la réédition de leurs titres sous forme de deux excellents best of, en cd et en vinyle sont actuellement en train d’enregistrer de nouvelles compositions. Idem pour Fræbbblarnir et Vonbrigði. Bubbi a pondu un quatrième opus avec Egó en 2009 mais le son n’a plus rien de post punk. Einar collabore à un projet appelé Ghostigital mêlant electro, rap, punk qui a déjà produit deux albums. Et la scène actuelle ? Elle se porte bien, merci, mais ceci est une autre histoire.


DISCOGRAPHIE NON EXHAUSTIVE:

Q4U: Best of
K.U.K.L.: The eye
K.U.K.L: : Holidays in Europe
Egò: I Mynd
Fræbbblarnir: Viltu bjór væna ?
Vonbrigði: Kakófónia
Vonbrigði: O Reykjavik
Sogblettir: Sogbelttir
Purrkur Pillnikk: I  augum úti
Tappi Tikarrass: Miranda
Þeyr: As above…
Þeyr: Mjötviður til fóta
Grýlurnar: Mávastellid
Utangarðsmenn: Geislavirkir
Sugarcubes:Life’s too good
þursaflokkurinn: Gæti eins verið
Bara Flokkurinn: Lizt
Various artists: Rokk í Reykjavik (existe en DVD)

Börn: post punk au Pays des Volcans

Börn
Évidemment, lorsque l’on songe à L’Islande musicale, le nom qui se profile d’emblée sera celui de Björk. Il est indéniable que Madame aura beaucoup contribué au rayonnement international de sa petite île tant en solo qu’au sein des Sugarcubes ou, pour les plus alternatifs, des géniaux K.U.K.L.. Ce n’est pas d’elle pourtant dont nous allons parler mais d’un groupe plus récent du nom de Börn qui vient justement de sortir son premier LP. Ce quatuor passionné de Christian Death, Killing Joke et du groupe islandais Vonbrigði a déjà eu l’occasion de forger ses armes dans la scène alternative indépendante de Reykjavik puisque le batteur Fannar, seul homme à bord, non content de participer au label/collectif Paradísarborgarplötur (PBP), frappe les peaux pour  Ofvitarnir, Tentacles of Doom (au sein desquels officiait également la bassiste, Júlíana) et Norn, première incarnation de Börn (‘Les Enfants’ en islandais). Ces derniers changeront de nom après la sortie d’un mini téléchargeable et d’une cassette (DIY et old school forever !), un combo black metal local usant du même patronyme. Après avoir écrit quelques morceaux avec son collègue  Thorir Georg (actif dans diverses formations punk, indie et cold wave), Fannar estime que l’idée d’un nouveau groupe tient la route, il embarque donc Júlíana dans l’aventure, Tentacles of Doom étant sur le point de se séparer de toute manière. Si Norn se lance de manière spontanée, presque expérimentale, la mue en Börn pousse les musiciens à se structurer, répéter de manière plus régulière. Les paroles, toutes en islandais (rassurez-vous, cela ne nuit en rien à l’écoute), traitent de thèmes féministes, de la prise en main de son corps, de son image, hors de toute considération sexiste, de mode ou des clichés en vogue dans la presse (Fannar sait de quoi il parle, étant lui même handicapé). Les efforts auront payé, mi-2014, Börn sort son premier LP (accessoirement la première sortie vinyle de Paradísarborgarplötur) et les réponses tant nationales que internationales sont plutôt positives. Si, hélas, le manque de moyens rend peu probable la possibilité d’une tournée hors Islande, je vous conseille néanmoins chaudement l’écoute et l’achat de cet album qui ravira les fans de Christian Death, Killing Joke et autres formations du style.Voici l'adresse de leur bandcamp: http://borndeyja.bandcamp.com/releases

Shelleyan T. Brecht

Le Deathrock: punk obscur et romantisme



Electric Worry - du désert de Sonora jusqu'à la "Motor City"

Voici aujourd'hui, le premier interview sur notre blog, en espérant que d'autres suivront.  Et pour ouvrir le bal quoi de mieux qu'un groupe qui va nous permettre de voyager... Un son puissant, des rythmiques dignes des 70'S et deux frangins avec un état d'esprit qui force le respect. Encore merci à Pierre et Batiste qui ont répondu presents et d'avoir joué le jeu au delà de ce qu'un révolutionnaire mexicain ne saurait le faire ! Viva la revolucion y viva Mexico!   


Crédit photo : Thierry Laroche
Voici le lien vers le bandcamp du groupe cela vous permettra de suivre cet interview tout en écoutant les compositions du groupe. https://electricworry.bandcamp.com

MPR – Bonjour Electric Worry ! Si je ne me trompe pas, votre nom est le titre d'un morceau d'un groupe phare de la scène rock stoner…doit - on en déduire que c’est une de vos influences majeures ? Quelles sont vos autres influences ?

Pierre – Bonjour MPR ! Exact, « Electric Worry » est le titre d'un morceau de Clutch, un groupe américain que l'on connaît depuis bien 7 à 8 ans avec Batiste et qui est assez dur à classifier car sa musique a évolué et connu des changements significatifs au fur et à mesure du temps. Pour moi, cette formation est un savant mélange de plein de styles musicaux tels que le blues, le rock, le jazz, le stoner et tout ça en mode groovy funky psyché… C'est tout ça qui nous influence chez Clutch : ne pas se poser de limites, mixer les styles, les influences !

Batiste – Nos influences sont plutôt diverses et variées, mais elles se situent principalement dans le blues et le rock des années 50 à nos jours, avec un fort penchant pour les années 70 et deux-trois éléments empruntés au stoner rock. Parmi les musiciens et les groupes qui nous ont beaucoup marqués, on peut notamment citer John Lee Hooker, Led Zeppelin, Creedence Clearwater Revival, MC5, Cactus, Beck, Bogert & Appice, AC/DC... Et pour la période plus récente, des groupes comme Five Horse Johnson, The Muggs, Truckfighters, Queens of the Stone Age et bien sûr Karma to Burn.

MPR – Quand et comment avez-vous créé Electric Worry ? Comment avez vous fait la transition avec votre précédente formation Dual Edge ?

Pierre – Nous avons créé Electric Worry à la fin de l'année 2008. Ce groupe n'est pas arrivé tout de suite après Dual Edge : mon frère (Batiste) et moi-même avons joué pendant quelques temps avec d'autres formations qui ne sont jamais sorties de l'enceinte du Bastion, l'endroit où nous répétons à Besançon. Que je sois à la guitare, à la basse et/ou au chant, on n'a jamais cessé de jouer ensemble. Et ça fait une bonne quinzaine d'années que ça dure ! Après cinq années passées à faire du métal, nous avons eu envie de faire un petit retour aux sources en nous tournant vers quelque chose de plus rock'n'roll.

Batiste – Lorsque nous avons décidé de monter un projet rock stoner, le choix de Léo à la guitare s'est fait assez naturellement. Nous le connaissions depuis longtemps déjà, car son frère Julian était guitariste dans Dual Edge. Dès le premier bœuf, on a tous senti que ça fonctionnerait... Au début, on voulait se lancer dans quelque chose d'instrumental à la Karma to Burn, mais on a vite compris que nos compos étaient faites pour accueillir du chant. Notre excellente entente, aussi bien au niveau musical que sur le plan humain, nous a dissuadé de sortir de la formule du trio. Ce qui a semblé le plus logique – sauf pour le principal intéressé – était que Pierre se mette au chant, puisqu'il avait déjà eu une expérience de chanteur métal dans Dual Edge.

Pierre – Le souci, c'est qu'à cette époque je faisais de tout sauf du chant ! Passer des hurlements au chant m'a demandé un certain temps d'apprentissage. D'autant plus que le fait de chanter tout en jouant d'un instrument ne s'improvise pas... Ça n'a pas été simple mais bon, tu connais la suite de l'histoire, elle est sur l'EP ;-) !

MPR – Vous avez un EP disponible sous Bandcamp en téléchargement libre... Comment a-t-il été accueilli ? Quel est votre titre "phare" ? Où peut-on trouver votre EP en dehors de Bandcamp ?

Pierre – Notre EP « Back to Motor City » est sorti en janvier 2013 et il a reçu un assez bon accueil, aussi bien au niveau local que sur internet, où nous avons eu droit à quelques bonnes chroniques. Il y a aussi plusieurs webradios qui ont diffusé nos titres...

Batiste – Pour ce premier enregistrement studio, nous avons fait le choix d'un pressage CD à 250 exemplaires, avec une pochette au format digifile. Il nous reste encore des CD, mais nous en avons vendu pas mal, malgré un nombre de concerts assez faible dans la période qui a suivi sa sortie. Dès le départ, nous avons fait le choix de mettre notre musique en téléchargement à prix libre pour en favoriser la diffusion. Ça a plutôt bien fonctionné, car on a eu pas mal de téléchargements et ça nous a permis de recevoir quelques soutiens financiers, d'autant plus appréciables qu'une bonne partie est venue de l'étranger. On a aussi eu la joie d'envoyer des exemplaires de notre EP en Allemagne, en Finlande et même un en Australie.

Pierre – Il semblerait que notre titre « phare » soit « Back to Motor City », le morceau dont est issu le titre de l'EP. En général, c'est celui qui marque le plus les esprits.

Batiste – Le titre « One Vision » a également pas mal de succès... Peut-être parce que c'est celui qui sonne le plus stoner ?

Pierre – Actuellement, pour obtenir notre EP, il faut venir nous voir en concert ! Il y en a quelques exemplaires dans la distro du Bastion, à Besançon... Et sinon, il est possible de le commander sur notre page Bandcamp.




MPR – On peut dire que la production de « Back to Motor City » est irréprochable ; où avez vous enregistré cet EP ?

Pierre – L'enregistrement s'est déroulé sur quatre jours au Kaktus Studio, à Champagnole, avec Pierre-Yves Prost derrière les manettes. « Back to Motor City » était notre première expérience en studio et Pierre-Yves est pour beaucoup dans la réussite de cet EP. Le résultat, dont nous sommes très satisfaits, est aussi bien le fruit de notre travail que du sien. Déjà, on avait pas mal bossé avant de rentrer en studio, ce qui nous a facilité la tâche. Et Pierre-Yves, qui a réalisé les prises, le mix et le mastering, a tout fait pour que l'enregistrement se déroule dans des conditions optimales, dans une bonne ambiance et sans stress. Il a rapidement cerné nos attentes et nous a bien conseillé. Tout ça c'était franchement cool, une bonne expérience humaine et musicale, dont on garde de très bons souvenirs !

MPR – Quel matériel utilisez-vous ? Est ce que la mythique " big muff " si prisée des groupes de stoner fait partie de votre arsenal ?

Pierre – À vrai dire, on est pas trop le genre de groupe qui investit beaucoup de ronds dans le matos. Pour nous, le plus important est de passer du temps sur le matos qu'on a, de manière à essayer d'en tirer le meilleur.

Au niveau gratte, Léo joue sur une guitare « The Rowy » de Custom 77 (la mienne), un Valveking (tête d'ampli et baffle) de chez Peavey et, comme effet, juste une Wah-Wah Cry Baby de chez Dunlop (un classique). Donc non, nous n'avons pas (encore ? ^^) de « Big Muff » ! 

De mon côté, je joue sur une basse Fender '51 Precision bass (reissue Japan) et sur un ampli MarkBass (tête Little Mark III et baffle 4x10).

Batiste – Quant à moi, je tape sur une Tama Royal Star du milieu des années 80.




MPR – Batiste et Pierre, vous êtes tous deux frères; est-ce que cela facilite la composition ? D’ailleurs, comment composez-vous vos morceaux ?

Pierre – Je pense que la composition est quelque chose qui reste complexe, que l'on soit entre frères ou non. Après, cela fait maintenant une quinzaine d'années que Batiste et moi jouons ensemble, donc il est sûr qu'il nous est plus facile de nous comprendre sur certains basse/batte de manière intuitive, du fait des automatismes que l'on s'est créés durant toutes ces années.

Nous composons principalement lorsque nous répétons, des fois sans avoir travaillé d'idées précises au préalable... Mais le plus souvent, cela vient d'un plan ou deux trouvés par les uns ou les autres en amont, qui sont travaillés ensemble par le biais d'improvisations, d'idées spontanées qui viennent se greffer aux idées initiales. Ce qu'on a toujours fait et ce qui nous importe, c'est d'évoluer ensemble autour d'un projet commun. La manière la plus simple de le faire reste de laisser la parole à chacun, afin qu'il puisse exprimer sa perception de la composition en cours et la confronter à celle des autres. Cela suppose de s'écouter les uns les autres – ce qui est primordial quand on fait de la musique –, d'arriver à comprendre la vision de l'autre même si elle ne correspond pas toujours à ce qu'on a en tête et de savoir l'entendre.

Batiste – Pas mieux !

MPR – Qui a réalisé la pochette ? Pourquoi le titre « Back to Motor City » ?

Batiste – La pochette a été réalisée par Johann Pourcelot, un ami qui n'est autre que le frère le plus âgé de Léo. Nous vous incitons à aller faire un tour sur sa page Flickr et sur sa page Facebook, car il fait vraiment de chouettes photographies ! Celle que nous avons choisie pour la pochette de notre EP a été un véritable coup de cœur, car cette épave de camion est chargée de symboles. Il s'agit d'un vieux Berliet, dont la carcasse repose à Cussey-sur-L'Ognon, un village près de Besançon...

Pierre – Le titre de notre EP évoque la ville de Detroit, qui a été surnommée « Motor City » du fait de son rôle de berceau de l'industrie automobile aux États-Unis. Après, si on a choisi ce titre, c'est que Detroit est également une ville qui a toujours joué un rôle musical important. C'est là qu'est né le célèbre label de soul et rhythm & blues « Motown Records ». Mais c'est aussi la ville qui a vu se développer des talents comme celui de John Lee Hooker, du MC5 – dont le nom signifie en gros, le « quintet de Motor City » –, des Stooges, du Grand Funk Railroad et de pas mal d'autres pointures du blues et du rock.

Batiste – Dans la période plus récente, je rajouterais bien un groupe comme Big Chief, qui était un précurseur du grunge et qui a ensuite évolué vers le funk. Les White Stripes... Et à ne surtout pas oublier, The Muggs, un très bon groupe qui nous tient beaucoup à cœur, à Pierre et moi.

Pierre – « Back to Motor City » donne l'idée d'un retour à Detroit pour perpétuer les traditions rock de cette ville. Il faut savoir qu'elle a beaucoup souffert de la crise, ayant plus ou moins été laissée sur le carreau. Beaucoup de gens ont fui la ville, qui est devenue presque déserte... Dans ces cas là, il y a toujours la musique pour redonner espoir et tenter de reconstruire les choses !


MPR – Pierre (bassiste / Chanteur) fait partie d’un autre projet « Black Woods »… Peut-on en savoir plus ? Avez vous également d’autres projets en dehors d’Electric Worry ?

Pierre – En effet, je joue également dans un autre trio qui s'appelle Black Woods, avec qui on a sorti un album en mai de cette année « The Strange Crow », et qui est plus orienté « blues rock psychédélique ». J'ai toujours été un musicien curieux, dans le désir d'apprendre et de découvrir d'autres aspects de la musique, d'autres manières de l'appréhender, d'autres façons de jouer. C'est ce que me permet le fait d'évoluer dans une autre formation (page Facebook de Black Woods : https://www.facebook.com/blackwoodsband ; Bandcamp : https://blackwoodsband.bandcamp.com).

En ce qui concerne les deux autres, seul Léo a également un projet parallèle. Ça commence a faire un sacré paquet d'années qu'il est producteur d'Électro Hip-Hop, en solo, sous le nom de « Sorg ». Il a deux EP à son actif en solo, un premier en 2012 et un second en 2013, ainsi qu'un EP sorti en mars de cette année avec le rappeur américain « Napoleon Maddox » (Facebook de Sorg : https://www.facebook.com/SorgMusic ; Bandcamp de Sorg : https://sorg.bandcamp.com ; Facebook de Sorg & Napoleon Maddox : https://www.facebook.com/sorgandnapoleonmaddox ; Bandcamp de Sorg & Napoleon Maddox : https://sorgandnapoleonmaddox.bandcamp.com).

MPR – Quel est votre meilleur souvenir de concert avec Electric Worry ?

Pierre – Dur à dire, je crois qu'on peut s'accorder à dire qu'on a eu la chance de ne vivre que de bonnes expériences niveau concert... Après, forcément, les concerts où tu as le plus de monde te marquent le plus. On a surtout joué dans des bars, mais on a aussi eu la chance de faire la fête de la musique sur deux très bonnes scènes à Besançon : une fois sur la scène du Bastion en 2011 et une autre fois sur la scène de l'association Mighty Worm en 2014. A chaque fois, il y a eu un public relativement nombreux et nous avons eu de très bons retours.

Batiste – Nous avons également de très bons souvenirs aux Passagers du Zinc, un excellent café-concert de Besançon où nous nous sentons désormais comme à la maison. C'est là que nous avons fait notre tout premier concert en 2009, c'est là que nous avons sorti notre EP en 2012, et nous nous apprêtons à y jouer tout bientôt pour la sixième fois depuis la création du groupe... Il est important que de tels lieux continuent d'exister pour qu'une scène musicale intéressante puisse se développer. 




MPR – …et le pire ?

Pierre – Pour moi, le « pire » (je le mets entre guillemets parce que ça a été une très bonne soirée malgré tout) je dirais que c'était dans un bar à Nancy, avec nos amis de La Bite et le Couteau et de Buck. On a appris au fur et à mesure de la journée qu'aucun catering n'était prévu, que nous devions régler toutes nos consos... Heureusement, on a quand même pu rentrer dans nos frais grâce aux entrées et à la vente de quelques EP !

MPR – J’ai entendu dire qu'un nouvel EP était en préparation pour 2015, que peut-on en attendre ?

Pierre – Ça fait maintenant un an et demi que notre premier EP a vu le jour. Pendant cette période, le groupe a connu des difficultés pour répéter, liées à la mutation d'un membre du groupe dans une autre région... Cela a eu pour conséquence un faible nombre de concerts et une difficulté à avancer dans la composition de nouveaux morceaux, puisque nous avons besoin de nous voir pour que ça fonctionne. Des projets de compos sont tombés à l'eau et ça a généré pas mal de frustrations.

Cette période est maintenant derrière nous : la distance a pu être réduite et nous arrivons désormais à répéter plus régulièrement. Toutes les conditions sont donc réunies pour que l'on puisse composer de nouveaux morceaux, travailler un nouveau set et nous lancer dans la production d'un nouvel EP. Ce qu'on va proposer va rester dans la veine du premier EP : un rock puissant avec quelques relents de stoner. Mais l'approche sera sans doute un peu plus mature que précédemment.

Batiste – Et bien plus rock'n'roll, à en juger par les morceaux qui commencent à prendre forme !

MPR – Encore merci d’avoir accepté cet interview (qui est d’ailleurs la première de notre blog !) … Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose pour nos lecteurs ?

Pierre – On tient à vous remercier d'avoir pensé à nous pour votre première interview de groupe et on ne peut que vous encourager pour cette initiative de blog musical.


Batiste – Je rajouterais pour ma part que je suis fier que l'on parle d'Electric Worry sur un blog où il est possible de lire à la suite un article sur le thrash métal et un autre consacré aux jug bands. Bravo à vous, merci et bonne continuation !